Transitions
Cycle de conférences-débats
Exprimant le passage d'un état et un autre, la transition est un processus fondamental à tout développement, toute transformation, toute modification de position ou d’espace, toute bifurcation. Elle exprime la dynamique plus ou moins perceptible et durable d’un changement.
La transition peut être un passage, une évolution, une variation, une progression, une dégradation, jamais une stagnation. Elle implique nécessairement, c’est selon, un avant et un après, un ici et un là, une structure et une autre. Elle est présence dynamique.
Elle trouve sa place dans les évolutions de l’univers et de la nature, dans celles de leurs descriptions et modélisations, tout comme dans celles des civilisations, des hommes, de la pensée : les mathématiques, les sciences, les philosophies, les sociétés - leurs modes d’être et de s’organiser, leurs cultures, leurs idéologies -, les hommes et les femmes, leurs vies, les mœurs, la sexualité sont concernés.
Ses champs d'applications sont si multiples, les disciplines concernées si nombreuses, que le pluriel s'impose. Si les transitions se déclinent sous diverses réalités, en quoi se ra/ressemblent-elles ?
Le cycle sur les transitions tentera de mettre en lumière quelques-uns de ses champs d'application tout en réfléchissant sur la fragilité inhérente à cette notion décidément tour à tour en tension ou en équilibre.
Archives
28 septembre 2021, amphi Pierre Glorieux, CERLA, 18h00
Pascal Chabot, L'âge des transitions
Répondant: Alain Cambier
Autour du terme « transition », un nouvel imaginaire du changement cristallise. Des préférences s'y dessinent, des impasses s'y évitent. Mais quels sont les traits significatifs de ce changement? Comment les différentes transitions en cours (énergétiques, démocratiques, démographiques, numériques) convergent-elles ou, au contraire, font-elles voir des divergences, voire des impasses ? Et comment cet imaginaire fait-il face à la montée en puissance d'ultraforces qui, sur la planète, imposent un mode de vie à forte composante technique ? Ce sont ces questions qu'il faudra explorer pour mettre au jour un nouveau rapport au futur, plus nécessaire que jamais à l'heure des catastrophes, mais aussi à l'heure des résolutions.
Pascal Chabot est philosophe. Il enseigne à l’Ihecs (Bruxelles) et est notamment l’auteur aux PUF de Global burn-out (2013), L’âge des transitions (2015), Exister, résister. Ce qui dépend de nous (2017), Traité des libres qualités (2019), Avoir le temps. Essai de chronosophie (2021)
Alain Cambier, docteur en philosophie est chercheur associé au Laboratoire « Savoirs, textes, langage »
12 octobre 2021, amphi Pierre Glorieux, CERLA, 18h00
Chantal Jaquet, Les transitions transclasses
Répondant: Charlotte Meurin
Si la reproduction sociale tend à empêcher les changements de classe sociale, il n'en reste pas moins que certains individus seuls ou en groupe deviennent des transclasses. La transition d'une classe sociale à l'autre s'accompagne souvent de tiraillements et de fluctuations d'identité liés à une posture d'entre-deux. C'est cette transition transclasse et ses effets psychosociaux qu'il s'agira d'examiner.
Chantal Jaquet est philosophe, professeure de philosophie moderne à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Charlotte Meurin est chargée de la politique culturelle et des animations, Service commun de la documentation, Université Polytechnique Hauts-de-France
19 octobre 2021, amphi Pierre Glorieux, CERLA, 18h00
Alain Cambier, Les transformations sociétales
Répondant: Francis Danvers
« Sociétal » est un anglicisme admis dans la langue française dès les années 1970, dans le contexte d'une émancipation décisive des mœurs. Jusqu'alors les problèmes de la société semblaient relever surtout du traitement de la question sociale : l'émergence d'une modalisation de ces problèmes sous leur forme sociétale a été concomitante du rôle innovateur joué par la société civile. La loi sur l'IVG en 1975 peut être considérée comme la première institutionnalisation d'une revendication sociétale. Depuis, la loi de 2013 sur le « mariage pour tous » tout comme la loi sur la PMA témoignent de cette revendication persistante de réaménagements des modes de vie. L'approche compréhensive des phénomènes sociétaux permet de cerner le dynamisme des processus d'individuation au sein d'une société ouverte. Les transformations sociétales soulignent la dimension nécessairement transactionnelle de toute démocratie pour articuler préoccupations individuées et institutions collectives.
Alain Cambier, docteur en philosophie est chercheur associé au Laboratoire « Savoirs, textes, langage »
Francis Danvers est professeur émérite des universités, vice-président de l'université populaire de Lille et président de l'ALEA
16 novembre 2021, amphi Pierre Glorieux, CERLA, 18h00
Nicolas Gauvrit, Qu'est-ce qui vous fait penser que je suis un homme ?
Répondant: Jean-Paul Delahaye
Si une vision essentialiste de l'identité sexuelle a longtemps dominé dans le grand public, on assiste depuis quelques décennies à un discours radicalement socioconstructiviste, selon lequel toute différence psychologique entre les sexes est le fruit quasi exclusif d'un biais culturel, souvent ancien. Pour certains, affirmer le rôle prédominant et presque exclusif de la culture est un pas nécessaire pour défendre une égalité de traitement.
Nous verrons que l'existence de stéréotypes sexistes est en effet bien établie mais que la force de l'effet qu'ils peuvent avoir sur les différences véritables reste discutée. Nous verrons aussi que l'existence d'autres causes de décalage, d'ordre biologique, sont également bien documentées, sans que cela remette en cause en quelque façon le combat pour l'égalité des sexes.
Les différences sexuelles sont plus probablement le reflet d'une rétroaction que la culture a sur l'inné, qui amplifie des écarts préexistant dans une moindre mesure.
Nicolas Gauvrit est psychologue du développement et chercheur en sciences cognitives au laboratoire CHart (École pratique des hautes études, Paris)
Jean-Paul Delahaye est Professeur émérite en informatique de l'université de Lille
11 janvier 2022, Espace Culture, 18h00
Sylvain Billiard, Les transitions dans l'évolution des êtres vivants : pourquoi n'y a-t-il pas uniquement des « individus » ?
Répondant: Bernard Maitte
Le monde vivant se caractérise par un emboîtement vertigineux de différentes échelles d'organisation : de la molécule à la biosphère, en passant par les cellules, les organismes ou les espèces. Une question se pose : comment les flux de matière et d'énergie, d'une part, et les transferts d'information, d'autre part, s'effectuent-ils entre ces niveaux hiérarchiques ? Les flux de matière et d'énergie sont aujourd'hui bien compris. Beaucoup reste cependant à comprendre quant aux règles qui régissent l'(auto-)organisation, la structure, la forme des différentes échelles du vivant. Il se trouve que l'information est justement l'objet sur lequel agit la sélection naturelle Darwinienne. J'exposerai, à travers plusieurs exemples, comment certaines transformations des modes de transmission de l'information, du fait de la sélection naturelle, ont constitué des transitions majeures et expliquent l'existence des chromosomes, des organismes multicellulaires, des sociétés, et peut-être au-delà.
Sylvain Billiard est professeur à l'université de Lille, laboratoire de Génétique et Évolution des Populations Végétales
Bernard Maitte est professeur émérite à l'université de Lille
01 mars 2022, Espace Culture, 18h00
Christophe Niewiadomski, Transitions socioéconomiques et santé. Entre contraintes budgétaires et souci du bien commun
Répondant: Francis Danvers
Cette conférence s'organisera selon une triple logique : dans un premier temps, nous aborderons le contexte de la pandémie de coronavirus et la manière dont cette dernière a profondément affecté nos modes de vie et de sociabilité. Plus de cent pays ont en effet été infectés dans toutes les zones du globe, alors que la majorité de la population mondiale s'est trouvée sommée de se confiner dans des conditions à la fois très hétérogènes et révélatrices d'inégalités sociales de santé particulièrement vives. Dans un deuxième temps, nous aborderons le contexte d'émergence des histoires de vie de collectivité et leur importance dans le domaine de la construction d'un lien social qui, à bien des égards, s'avère fragilisé dans nos sociétés contemporaines. Dans un troisième temps, nous présenterons un travail de recherche-action mené dans un service hospitalo-universitaire de néphrologie et d'immunologie clinique. Cette recherche, qui s'appuie sur la méthodologie des histoires de vie de collectivité, a été menée conjointement avec une cinquantaine de professionnels de santé et de malades pendant une période de deux ans, avant de déboucher sur une écriture collective ayant donné lieu à la publication d'un ouvrage. Nous commenterons ici quelques-uns des résultats de cette recherche afin de montrer combien le « facteur humain » et la réalité biographique des individus doivent être impérativement pris en compte afin de contourner l'écueil des seules dimensions biologiques, organisationnelles et comptables qui, jusqu'aujourd'hui, s'imposent dans nos systèmes de santé. Nous tenterons ainsi de montrer pourquoi l'hôpital et les services médicosociaux ne peuvent être considérés comme de simples entreprises.
Christophe Niewiadomski est professeur en Sciences de l’éducation à l’université de Lille, directeur de la Maison Européenne des Sciences de l’Homme et de la Société.
Francis Danvers est professeur émérite des universités, vice-président de l'université populaire de Lille et président de l'ALEA
08 mars 2022, Espace Culture, 18h00
Jean-Paul Delahaye, Les transitions mathématiques entre discret et continu
Répondant: Alain Vienne
Les démonstrations mathématiques sont faites de symboles discrets, pourtant elles ont l'ambition de nous aider à comprendre le continu. Est-ce possible ? De même, l'informatique avec ses bits, 0 ou 1, semble en bien mauvaise position pour traiter du continu du temps ou de l'espace ? Une variété de tentatives a été mise en œuvre et ne semble pas avoir toujours échoué. N'est-ce pas étonnant ? Est-ce que par nature les mathématiques et l'informatique ne risquent pas de toujours manquer quelque chose du continu, et n'en donner qu'une connaissance incomplète ?
Jean-Paul Delahaye est Professeur émérite en informatique de l'université de Lille
Alain Vienne est professeur à l'université de Lille, directeur de l’observatoire de Lille
22 mars 2022, amphi Pierre Glorieux, CERLA, 18h00
Jean-Pierre Boutinet, Étapes, crises et transitions à l'âge adulte
Répondant: Francis Danvers
Évoquer aujourd'hui l'âge adulte, c'est vouloir s'intéresser à une période de l'existence somme toute banale, puisqu'elle se définit comme porteuse de maturité. Il en va en effet tout autrement pour les autres âges de la vie, celui de l'enfance confronté à son propre développement tout comme l'adolescent l'est à son désir de reconnaissance et le jeune à la recherche d'une possible insertion ; d'un autre côté la personne avancée en âge reste préoccupée par son maintien en bonne santé et le vieillard guette la montée de ses dépendances. Alors qu'en est-il donc de la vie adulte ? Depuis un siècle, l'espérance de vie s'est allongée de façon spectaculaire, impactant surtout la durée d'une vie adulte qui pour la majorité de nos contemporains, dépasse maintenant le demi-siècle. Dans le contexte présentiste de notre postmodernité, plutôt que de se dérouler selon un long fleuve tranquille, cette vie à rallonges suit des méandres souvent non prévus. C'est à la découverte de ces méandres que nous allons partir, que ceux-ci soient consignés en mémoire dans une histoire de vie ou vécus présentement dans une mobilité commandée par les évènements ou encore orientée par des projets.
Jean-Pierre Boutinet est psychosociologue, professeur émérite à l’université catholique d'Angers
Francis Danvers est professeur émérite des universités, vice-président de l'université populaire de Lille et président de l'ALEA
05 avril 2022, Espace Culture, 18h00
Bernard Maitte, La transition géocentrisme-héliocentrisme
Répondant: Francis Meilliez
Le passage d'un monde clos et d'une Terre centrale à un monde infini où notre globe n'est qu'une poussière dans l'espace ne s'est pas effectué grâce à une « Révolution copernicienne », mais, au cours de quatre siècles, par des ajustements successifs puis des changements conceptuels soulevant divers types de difficultés.
Nous décrirons la cohérence de la machinerie géocentrique avant d'évoquer les déplacements successifs et les pas de côté permis au Moyen Âge par l'unification de l'espace au Quattrocento, la discussion des mouvements par Buridan, leur relativité par Nicole Oresme, l'introduction d'un monde infini par Nicolas de Cues. A la Renaissance, les Réformes protestantes et catholique réaffirment le primat du dogme et le géocentrisme.
C'est alors, qu'imprégné par le Quattrocento, le mythe solaire et une vision pythagoricienne du monde, Nicolas Copernic propose un système qui ne rompt pas définitivement avec l'ancien et pose plus de problèmes qu'il n'en résout.
Les places relatives du Soleil et de la Terre, la finitude ou non du monde sont ensuite débattues dans un climat de luttes contre églises et traditions, où s'illustrent, chacun à sa manière, Giordano Bruno, Kepler, Galilée, Descartes, Newton, avant que Laplace revisite, sécularise et impose une vision newtonienne du monde.
C'est cette aventure de la pensée plurielle amenant une transition fondamentale dans l'histoire de la pensée que nous retracerons.
Bernard Maitte est professeur émérite à l'université de Lille
Francis Meilliez est professeur émérite, Université de Lille, directeur de la Société Géologique du Nord (SGN)
10 mai 2022, Espace Culture, 18h00
Maria Pagoni, L'accompagnement des transitions professionnelles raconté par les conseillers
Répondant: Francis Danvers
L'accompagnement des transitions professionnelles a considérablement évolué les 10 dernières années notamment par l'apparition du Conseil en Évolution Professionnelle (CEP). Ce nouveau service censé être accessible gratuitement par tous les actifs (jeunes en insertion professionnelle, salariés, demandeurs d'emploi) s'appuie d'une part sur le principe d'autonomie et de responsabilisation des personnes qui en bénéficient et d'autre part, sur la prise en compte de l'économie du marché de l'emploi. Dans le cadre d'une recherche menée par le laboratoire CIREL à l'Université de Lille, les conseillers du CEP racontent les stratégies d'accompagnement qu'ils adoptent pour faire face à ces deux principes qui semblent à première vue contradictoires.
Maria Pagoni est professeure des universités en sciences de l'éducation. Elle est directrice du laboratoire CIREL.
Francis Danvers est professeur émérite des universités, vice-président de l'université populaire de Lille et président de l'ALEA
07 juin 2022, Espace Culture, 18h00
Corinne Baujard, Christophe Plantin, imprimeur à Anvers au XVIème siècle
Répondant: Francis Danvers
Musée Plantin-Moretus, Anvers. Photo C. Baujard
Christophe Plantin (1520-1589) est un éditeur emblématique de la Renaissance flamande dans une société en pleine transformation. Son cheminement personnel offre l'occasion de proposer un regard analytique sur le rapport entre une activité entreprenante et une forme entrepreneuriale de l'activité. A partir d'une exploration des archives du musée Plantin-Moretus à Anvers, la démarche menée renouvelle la façon de penser l'entrepreneuriat tant au niveau de la recherche que de la pratique. Ce petit typographe développe progressivement un répertoire de compétences spécifiques (prise de conscience, compréhension et transformation par soi-même) alimenté par un apprentissage réflexif tiré de l'expérience. Le mouvement intellectuel et éditorial historique de cette période est l'occasion d'une prise de conscience distancée en termes de rupture avec le passé, et non de continuité.
Diaporama de la présentation (fichier ppt)
Corinne Baujard est professeure à l’université de Lille en sciences de l’éducation (CIREL)
Francis Danvers est professeur émérite des universités, vice-président de l'université populaire de Lille et président de l'ALEA
05 décembre 2022, Espace Culture, 18h00
Laurent Cordonnier, En quoi le néolibéralisme est-il néo ?
Répondant: Francis Danvers
Le néolibéralisme désigne la doctrine économique qui a imposé ses vues aux principaux décideurs politiques et dirigeants économiques depuis le tournant des années 1980, dans la plupart des pays de l'OCDE. Le corps de cette doctrine visait à « restaurer la loi des marchés », contre le mouvement de « socialisation » des économies qui s'était imposé après la seconde guerre mondiale. Ce libéralisme peut être qualifié de « néo » parce que précisément il est intervenu pour remettre en cause les structures de l'Etat social et les inflexions keynésiennes en matière de politique économique, tendant à domestiquer le capitalisme.
Laurent Cordonnier est économiste au Clersé, professeur à l’université de Lille
Francis Danvers est professeur émérite des universités, vice-président de l'université populaire de Lille et président de l'ALEA
13 décembre 2022, Espace Culture, 18h00
Jean-Paul Delahaye, Néolibéralisme et cryptomonnaies : l'idéologie derrière les blockchains
Répondant: Bernard Maitte
Satoshi Nakamoto est le pseudonyme du chercheur ou de l'équipe de chercheurs qui a inventé et mis en marche la première cryptomonnaie : le Bitcoin. Il s'agit d'une sorte de devise numérique qui échappe aux États. Nous rappellerons les principes de son fonctionnement. Quand Nakamoto s'est exprimé sur ses motivations il est apparu qu'il défendait une idéologie qu'on qualifie de « libertarienne ». Cette conception extrémiste du libéralisme n'est heureusement pas reprise par tous les défenseurs et promoteurs des blockchains et cryptomonnaies. Des motivations variées et des attentes parfois contradictoires occupent les esprits des acteurs du microcosme blockchain-cryptomonnaie. C'est à ces idéologies qui souvent se moquent des gravissimes conséquences écologiques de la dépense électrique colossale des certaines cryptomonnaies qui nous nous intéresserons. L'enthousiasme de certains est parfois si fort qu'on a parlé de « religion Bitcoin ». Malheureusement cette intrusion d'une croyance irrationnelle a engendré un lobby qui au lieu de faire progresser ce qui n'est au fond qu'une technologie utile la fait piétiner et en retarde les mutations indispensables.
Référence : Jean-Paul Delahaye, Au-delà du Bitcoin : dans l'univers des blockchains et des cryptomonnaies, Dunod, 2022
Jean-Paul Delahaye est Professeur émérite en informatique de l'université de Lille
Bernard Maitte est professeur émérite à l'université de Lille
21 mars 2023, Espace Culture, 18h00
Magalie Franchomme, L'éclairage public : un levier de la transition énergétique et de la transition écologique
Répondant: Francis Meilliez
L'éclairage public représente un des premiers postes de consommation d'électricité des collectivités territoriales et s'est imposé ces dernières années comme un enjeu environnemental majeur, en raison des effets sur l'environnement et la santé qu'il génère. De nombreuses études ont démontré le caractère fragmentant de l'éclairage artificiel et ses effets sur la mobilité de la faune ; son excès représente aussi un gaspillage énergétique considérable. Un arbitrage entre besoins de lumière artificielle et besoins d'obscurité doit s'opérer. Alors que le législateur a longtemps rencontré des difficultés à imposer des normes favorisant un éclairage adapté du territoire, de nombreux projets de réinsertion de l'obscurité portés par les collectivités locales ont vu le jour en France. Plus de 30 % des mammifères et de 60 % des invertébrés sont nocturnes : l'importance physiologique et écologique des rythmes liés à la lumière est fondamentale quant à la qualité de l'environnement nocturne.
Magalie Franchomme est maître de conférences à l’université de Lille (UMR 4477 Territoires, villes environnement & société)
Francis Meilliez est professeur émérite, Université de Lille, directeur de la Société Géologique du Nord (SGN)
16 mai 2023, Espace Culture, 18h00
Nicolas Dufrêne, Monnaie et transition écologique
Répondant: Jean-Paul Delahaye
L'urgence climatique se heurte à un redoutable problème de financement. Aucune stratégie financière classique n'est en mesure de mobiliser rapidement les sommes considérables qui sont en jeu.
Bien que libérée des contraintes matérielles, la politique monétaire ne s'est malheureusement pas encore libérée des dogmes qui la restreignent. Pourtant, l'histoire a montré à maintes reprises (reconstruction économique de l'Allemagne dans les années 1930, New Deal américain, reconstruction de la France après 1945, politique monétaire expansionniste en Chine) que les mécanismes monétaires peuvent être utilisés de manière ciblée et efficace pour répondre aux grands défis du moment. Le climat en est un et appelle un Green New Deal qui pourrait résulter de la création monétaire mise au service de projets écologiquement vertueux.
Bousculer l'économie traditionnelle pour sauver la planète ? On commence quand ?
Nicolas Dufrêne est haut-fonctionnaire, directeur général de l’Institut Rousseau
Jean-Paul Delahaye est Professeur émérite en informatique de l'université de Lille
30 mai 2023, Espace Culture, 18h00
Nathalie Chusseau, Les conséquences économiques et sociales de la mondialisation
Répondant: Francis Danvers
Hong-Kong la nuit
Depuis les années quatre-vingt, on observe une montée des inégalités de revenu et de richesse dans l'ensemble des pays avancés, les Etats-Unis revenant à un niveau d'inégalités de revenus connu au début du vingtième siècle. Au même moment, les grands pays émergents à bas salaires ont intégré le commerce mondial bouleversant ainsi les grands équilibres internationaux. Cette nouvelle concurrence internationale modifie profondément la spécialisation internationale des pays avancés qui ne peuvent rester compétitifs face à un coût du travail aussi bas. Ces changements de spécialisation ont des conséquences directes sur les conditions de vie des habitants, et sur les institutions des pays avancés : suppressions d'emplois, désyndicalisation, affaiblissement des politiques sociales… On peut alors s'interroger sur les conséquences économiques et sociales du processus de mondialisation actuel, et tenter d'identifier les gagnants et les perdants de la mondialisation.
Nathalie Chusseau est professeur à l’université de Lille (UMR 9221 Économie et Management)
Francis Danvers est professeur émérite des universités, vice-président de l'université populaire de Lille et président de l'ALEA
03 octobre 2023, Espace Culture, 18h30
Éric Wegrzynowski, Cryptographie : sécurité de notre écosphère numérique ?
Répondant: Jean-Paul Delahaye
Téléphonie, santé, automobiles, media, comptes bancaires, commerce en ligne, qui peut échapper à ces sujets ? Si la cryptographie n'intéressait autrefois que les diplomates, militaires ou amateurs de défis, elle nous concerne tous aujourd'hui. Nous présenterons quel parcours cryptographie et informatique ont fait depuis un siècle, chacune épaulant l'autre ou lui nuisant. Nous verrons les nouvelles missions (signature, authentification, vote, monnaie électronique) de la cryptographie et nous terminerons par les menaces de l'informatique quantique.
Éric Wegrzynowski est professeur agrégé de mathématiques
Jean-Paul Delahaye est Professeur émérite en informatique de l'université de Lille
10 octobre 2023, Espace Culture, 18h30
Patrick Cordier, Eau/glace, carbone/diamant : l'importance des transitions à l'intérieur de la Terre
Répondant: Francis Meilliez
Les conditions de vie sur Terre dépendent, en partie, des transformations que subissent ses couches internes. En particulier, les minéraux peuvent y présenter, pour une composition chimique donnée, des structures différentes selon les conditions de pression et de température. Le passage de l'une à une autre peut avoir des implications importantes pour leur comportement et leurs propriétés. A l'aide de quelques exemples, nous illustrerons l'importance de ces transitions de phase en géophysique et en planétologie.
Patrick Cordier est professeur à l’Université de Lille, membre de l'Institut Universitaire de France
Francis Meilliez est professeur émérite, Université de Lille, directeur de la Société Géologique du Nord (SGN)
07 novembre 2023, Espace Culture, 18h30
Didier Terrier, La machine, l'horloge et le prolétaire. Progrès techniques et rythmes du labeur dans les filatures au XIXe siècle
Répondant: Bernard Maitte
En juin 1847, évoquant la multiplication des machines dans l'industrie, le baron Dupin écrit : « la perfection lucrative serait de travailler toujours ». D'ailleurs, les filatures prennent alors figure d'un laboratoire qui, déjà en place en Angleterre, fait passer les exigences des patrons à une autre échelle. Aussi, comment les ouvriers et les ouvrières œuvrant dans les filatures de coton sont-ils, en retour, dépossédés de leur propre perception des temporalités pour devenir de simples auxiliaires de ce système mécanique ? L'intrication de la machine et de l'horloge ferait-elle de l'ouvrier un corps sans âme ?
Didier Terrier est professeur émérite à l'université polytechnique des Hauts de France
Bernard Maitte est professeur émérite à l'université de Lille
30 janvier 2024, Espace Culture, 18h30
Alain Cambier, Le régime imaginaire de l'existence
Répondant: Bernard Maitte
Est-ce ainsi que les hommes vivent, à prendre sans cesse leurs désirs pour la réalité ? Nos croyances sont-elles nécessairement tissées d'illusions ? Le sens que nous déplions au fur et à mesure de notre vie vécue est-il marqué du sceau de l'imaginaire ? Exister revient toujours à se figurer son existence, au risque de la déception et du sentiment de l'absurde. Le souci du sens suppose donc une prise en charge objective de la réalité. Mais cet ajustement au réel n'implique pas pour autant le sacrifice des constructions imaginaires pour déployer notre être-au-monde.
Alain Cambier, docteur en philosophie est chercheur associé au Laboratoire « Savoirs, textes, langage »
Bernard Maitte est professeur émérite à l'université de Lille
06 février 2024, Espace Culture, 18h30
Daniel Andler, Intelligence artificielle, intelligence humaine : la double énigme
Répondant: Jean-Paul Delahaye
L'intelligence artificielle connaît son heure de gloire. Aux déboires des commencements ont succédé, au tournant du XXIᵉ siècle, des avancées spectaculaires mais qui ne sont pas parfaitement comprises : l'intelligence artificielle reste en partie opaque. Pis : elle a beau progresser, la distance qui la sépare de son objectif proclamé - reproduire l'intelligence humaine - ne diminue pas. Pour dissiper cette énigme, il faut en affronter une deuxième : celle de l'intelligence humaine. Celle-ci ne se réduit pas à la capacité de résoudre toute espèce de problème.
Daniel Andler est mathématicien et philosophe, membre de l’Académie des Sciences Morales et Politiques. Dernier livre : Intelligence artificielle, intelligence humaine : la double énigme, Gallimard, 2023
Jean-Paul Delahaye est Professeur émérite en informatique de l'université de Lille
20 février 2024, Espace Culture, 18h30
Florence Jany-Catrice, De quoi « territoire zéro chômeurs » est-il le nom ?
Répondant: Bernard Maitte
Le dispositif Territoire zéro chômeur vise la réduction du chômage de longue durée. À partir d'une expérimentation sur dix petits territoires (moins de 10 000 habitants), il met en œuvre un projet muri pendant des années par l'association ATD, grâce au soutien de l'État, et de la loi du 29 février 2016 d'expérimentation territoriale. Dans son principe, il s'agit de transformer les « dépenses passives » (allocations chômage, RSA etc.) en « dépenses actives » c'est-à-dire en salaires. Les chômeurs de longue durée qui sont volontaires peuvent donc être embauchés par une entreprise à but d'emploi, créée à cette occasion. Le projet introduit des éléments importants puisque dans son principe, il n'y a pas de contrainte d'entrée dans le projet pour les personnes privées d'emploi éligibles ; le projet inverse l'explication du chômage, celui-ci serait dû à l'incapacité des entreprises à mobiliser les compétences des chômeurs, et non pas à un manque de volonté des personnes privées d'emploi. Enfin, l'emploi, en CDI à temps choisi, est posé comme un droit. La conférence présentera l'expérimentation de ce dispositif dans la métropole de Lille.
Florence Jany-Catrice est professeur d'économie à l'université de Lille et chercheuse au Clersé (UMR8019). Elle travaille sur l'économie de la qualité, les enjeux de mesure et d'évaluation, l'économie des services et l'économie sociale et solidaire. Elle est l'auteur de nombreux ouvrages
Bernard Maitte est professeur émérite à l'université de Lille