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L'eau

Cycle de conférences-débats

Une des caractéristiques de la Terre est la grande quantité d’eau qu’elle retient. Celle-ci influence sa dynamique interne, est dissoute dans le manteau terrestre, détermine la répartition des continents et leurs affrontements au cours des temps géologiques. En circulation permanente entre l’océan - où est née la vie -, l’atmosphère, la surface des terres, son cycle conditionne la distribution des climats et leurs effets, dans l’espace et dans le temps. Elle possède de bien singulières propriétés physiques et chimiques qui en font un excellent solvant.
Cette présence d’eau et ses propriétés ont permis la vie et son développement. Elle représente 65% de la masse de notre corps, où elle participe aux transports de l’oxygène, des nutriments, des hormones, des déchets, aux réactions chimiques qui s’y déroulent, à la régulation de la température.
Toutes les civilisations se sont développées grâce à la présence d’eau. Elle est source d’énergie, facilite les transports, le développement des agricultures, des industries. Inégalement répartie sur les terres émergées, des peuples souffrent de la soif et l’économisent, alors que d’autres la gaspillent. Sa possession n’a jamais cessé d’être un enjeu géopolitique fondamental, engendrant des conflits.
L’urbanisation et sa consommation peu attentive ou raisonnée réduit les réserves, y diffuse des polluants : l’insuffisance de l’eau, sa mauvaise qualité sont alors dues à des excès. Notre civilisation est parvenue à ce sujet à un paroxysme : il convient de développer la sobriété, mieux gérer cette ressource essentielle, veiller à ce que tous les peuples puissent en disposer.
Le cycle explorera, en les contextualisant, les représentations philosophiques, symboliques, scientifiques de l’eau, ses propriétés et utilisations, ses gestions, les choix qui s’offrent à notre société et entre lesquels doit trancher la démocratie.

Archives

21 septembre 2021, amphi Pierre Glorieux, CERLA, 18h00

Guillaume Stirnemann, Plongée moléculaire au cœur d'un verre d'eau

Répondant: Francis Meilliez

L'eau est d'une simplicité déconcertante du point de vue moléculaire : trois atomes abondants dans l'Univers qui s'assemblent en une petite molécule coudée. Pourtant, cette géométrie et les propriétés chimiques de l'oxygène et de l'hydrogène donnent lieu à des comportements physico-chimiques extraordinaires, voire anormaux, qui distinguent l'eau de la très vaste majorité des autres espèces. Sans ces propriétés si particulières, on estime aujourd'hui que la vie n'aurait pas pu apparaitre sur Terre : ce n'est donc pas une surprise si la recherche de la vie dans l'Univers passe notamment par la recherche d'eau liquide sur d'autres planètes.
Mais qu'est-ce qui distingue donc la molécule d'eau de toutes les autres molécules ? Nous verrons que cela tient essentiellement à l'existence d'une interaction particulière entre une molécule et ses voisines, appelée liaison hydrogène. Ni tout à fait aussi forte qu'une liaison chimique, mais bien plus qu'une interaction intermoléculaire habituelle, la liaison hydrogène donne lieu à une organisation tridimensionnelle unique de l'eau liquide, à la fois très structurée, mais aussi en proie à des mouvements incessants : une molécule change ainsi de voisine en moyenne deux cent milliards de fois par seconde.
Lors de cette conférence, nous discuterons ces caractéristiques uniques de l'eau à l'échelle moléculaire. Nous verrons pourquoi c'est le seul liquide qui ait pu raisonnablement mener à l'apparition de la vie telle que nous la connaissons. Nous aurons aussi l'occasion de démontrer l'incompatibilité de concepts tels que la mémoire de l'eau et l'homéopathie avec ces propriétés moléculaires.
Qui pourrait se douter qu'un verre d'eau cache autant de comportements extraordinaires ?

Guillaume Stirnemann est membre du CNRS Institut de Biologie Physico-Chimique, Laboratoire de Biochimie Théorique, Paris

Francis Meilliez est professeur émérite à l'université de Lille, directeur de la Société Géologique du Nord

05 octobre 2021, amphi Pierre Glorieux, CERLA, 18h00

Jean-Paul Krivine, Mémoire de l'eau et l'homéopathie

Répondant: Jean-Paul Delahaye

Samuel Hahnemann

L'homéopathie postule une action pharmacologique de produits dilués à tel point qu'il ne reste plus aucune molécule du produit initial. Aussi, quand en 1988 une équipe de scientifiques français publie un article dans la prestigieuse revue Nature affirmant avoir réussi à provoquer une réaction sur des globules blancs à partir d'une eau ayant contenu des anticorps, mais dilués de telle sorte que plus aucun anticorps ne subsiste, les partisans de l'homéopathie ont cru identifier les bases théoriques manquantes d'une pratique thérapeutique qui peine à fournir les preuves de son efficacité.

La saga de la mémoire de l'eau va se développer des années durant entre expériences non reproduites, remise en cause des fondements de la chimie et vives controverses autour de l'homéopathie… Elle se poursuit aujourd'hui autour de « nouvelles théories » sur la « biologie numérique » capable de transmettre à distance des signaux biologiques.

Jean-Paul Krivine est Ingénieur informaticien, rédacteur en chef de la revue Science et pseudo-sciences et a présidé l’Afis (Association Française pour Information scientifique)

Jean-Paul Delahaye est Professeur émérite en informatique de l'université de Lille. Dernier livre : Au-delà du Bitcoin, dans l’univers des cryptomonnaies, Dunod, 2022

09 novembre 2021, amphi Pierre Glorieux, CERLA, 18h00

Francis Meilliez, Les petits circuits de l'eau en région et leur évolution dans le temps

Répondant: Bernard Maitte

Si vous avez eu la chance de passer le Certificat d'Études, souvenez-vous : le problème des robinets, la concurrence entre celui qui remplit la baignoire et celui qui la vide ! Voilà l'archétype du petit circuit de l'eau. Les parties les plus plates du territoire de la Région Hauts-de-France (plaines) sont constellées de fermes isolées ceinturées d'un fossé, système naturel d'assainissement. Dans la cour intérieure de l'espace bâti, voire dans une pièce fermée, un puits ou une pompe donne accès à une eau souterraine prélevée dans les sables sous-jacents, ou mieux un peu plus bas, dans la craie. Voilà un beau système réduit qui enseigne vite à ajuster sa consommation sur l'alimentation naturelle.
Conséquence du mouvement hygiéniste qui, depuis le dernier tiers du XIXe siècle, a converti la population puis l'Administration, le citoyen d'aujourd'hui, même s'il habite « à la campagne », a le plus souvent oublié qu'il ne va pas de soi de réguler sa consommation d'eau simplement en tirant une chasse ou en ouvrant un robinet. La situation de stress hydrique qui devient permanente dans de nombreux secteurs de la région doit poser questions.
Prendre l'eau du voisin pour compenser est une mauvaise réponse à une vraie question. Dans nos territoires, il n'est pas aisé non plus de trouver l'équilibre au niveau du bassin versant, souvent mal défini à cause d'un relief trop peu contrasté, que l'urbanisme transgresse facilement. Une solution idéale consisterait à refondre tous les réseaux pour constituer des systèmes dans lesquels les usages de l'eau se compenseraient. Bienvenue en Utopia ! Mais ça n'empêche pas d'y réfléchir …

Francis Meilliez est professeur émérite à l'université de Lille, directeur de la Société Géologique du Nord

Bernard Maitte est professeur émérite à l'université de Lille

18 janvier 2022, Espace Culture, 18h00

Agathe Euzen, Des symboles aux usages de l'eau

Répondant: Bernard Maitte

Fac-similé d’une fontaine, Lesquin. Photo F. Meilliez

L'eau, cet élément vital, véhicule de nombreuses valeurs symboliques et culturelles transmises par les populations au fil des générations et varient selon les sociétés et leur environnement. Selon ses croyances et sa culture, chacun d'entre nous développe des relations singulières avec l'eau. Elle est source de rêverie, elle purifie et régénère, elle est rafraichissante et désaltère, elle peut être source de plaisir... Visible ou invisible, stagnante ou courante, abondante ou se raréfiant… elle peut aussi être source de peurs et d'inquiétudes. C'est avec une approche anthropologique que nous allons explorer différentes formes de représentations et de symboliques de l'eau et nous interroger sur comment elles participent à la construction des pratiques de la vie quotidienne.

Agathe Euzen est directrice de recherche au CNRS, Laboratoire Techniques Territoires et Sociétés, directrice adjointe scientifique à l’Institut écologie et environnement du CNRS

Bernard Maitte est professeur émérite à l'université de Lille

01 février 2022, Espace Culture, 18h00

Olivier Mousis, Les mondes océans – l'eau dans le système solaire et au-delà

Répondant: Stéfan Renner

Crédit NASA

L'eau, sous ses diverses formes, imprègne le système solaire, depuis des traces de vapeur sur le Soleil lui-même à la glace d'eau dans la composition probable de Pluton et des objets de la ceinture de Kuiper situés au-delà. Les astronomes voient la signature de l'eau dans les nuages moléculaires géants entre les étoiles, dans les disques de matière qui représentent les systèmes planétaires nouveau-nés, et dans les atmosphères d'exoplanètes en orbite autour d'autres étoiles.

Olivier Mousis est professeur au Laboratoire d’Astrophysique de Marseille (LAM) de l'université de Aix-Marseille. Il étudie l’origine et l’évolution des systèmes planétaires

Stéfan Renner est maître de conférences à l'université de Lille, chercheur en astronomie à l'Observatoire

22 février 2022, Espace Culture, 18h00

Olivier Petit, Agir en commun pour un usage durable de l'eau agricole

Répondant: Francis Meilliez

Photo Alvar Closas

La pression exercée sur les eaux souterraines, notamment par l'agriculture, s'accroît dans toutes les régions du monde. Des courses au pompage s'engagent dont les agriculteurs les plus pauvres sont rapidement exclus. Cette communication, basée sur un policy paper de l'Agence Française de Développement (AFD) auquel j'ai contribué, présente les solutions proposées notamment par les pouvoirs publics pour encadrer l'accès et l'usage de ces ressources afin d'en limiter la surexploitation et en analyser les limites. Elle formule sur cette base un ensemble de recommandations stratégiques à destination des gestionnaires, décideurs publics et bailleurs de fonds, pour surmonter les impasses auxquelles sont confrontées à long terme les politiques d'accroissement des capacités, et pour développer une vision partagée de l'eau souterraine préservant le caractère multifonctionnel de cette ressource.

Olivier Petit est maître de conférences à l’université d'Artois (économie écologique, économie institutionnelle, économie des ressources en eau)

Francis Meilliez est professeur émérite à l'université de Lille, directeur de la Société Géologique du Nord

15 mars 2022, Espace Culture, 18h00

Eric Masson, L'Escaut, un bassin versant transfrontalier

Répondant: Francis Meilliez

L’Escaut en aval de Valenciennes. Photo F. Meilliez

L'Escaut, qui s'étend sur le nord de la France, la Belgique et le sud des Pays-Bas, est un fleuve singulier à plus d'un titre. Il arrose un « petit » territoire de 36500 km² qui offre une mosaïque politique, économique, culturelle et environnementale au passif historique chargé. Durant quelques siècles, il a servi de frontière. En même temps, son réseau a facilité la pénétration d'envahisseurs d'abord, de marchands ensuite. Son estuaire, partagé avec ceux de la Meuse et du Rhin, a longtemps été un des premiers carrefours mondiaux d'échanges commerciaux avant que l'Asie du sud-est ne prenne le relai. Aussi n'est-il pas étonnant que les instances européennes modernes aient bâti autour de ce réseau un modèle de gouvernance internationale, pour gérer des besoins multiples, parfois même antagonistes entre l'amont et l'aval : c'est la notion de district hydrologique international.
Les principaux thèmes abordés concernent :
- la gestion des crues, étiages et débits contractualisés entre la Belgique et les Pays Bas ;
- l'influence des marées sur les écosystèmes et la navigation dans l'estuaire ;
- la pollution des eaux de surfaces et souterraines de l'amont à l'aval ;
- la mise en œuvre d'un réseau de mesures homogène pour éclairer les prises de décision à l'échelle du bassin versant.
L'Université de Lille a rejoint depuis 1999 les universités d'Anvers et de Gand dans un programme d'enseignement immersif et intensif, pluridisciplinaire, qui promeut une vision intégrée de la gestion de l'eau à l'échelle du bassin versant : c'est le cours River 21.

Éric Masson est géographe au Laboratoire Territoires Villes Environnement Société (TVES), ULR 4477, Université de Lille

Francis Meilliez est professeur émérite à l'université de Lille, directeur de la Société Géologique du Nord

03 mai 2022, Espace Culture, 18h00

Louise Desbrusses, Aquarienne

Répondant: Charlotte Meurin

« … la terre ne serait pas terre sans l'eau, ma mère ne serait pas ma mère sans ses eaux qui m'ont baignée. Petit poisson ai-je été, petits poissons furent ces lointains ancêtres qui rêvent encore dans mon adn. Aquarienne je suis, aquarienne je pleure ma terre, aquarienne bientôt je n'aurai plus de larmes pour pleurer l'eau par nous salie, souillée… »
Louise Desbrusses, dans cette performance explore les intervalles entre les états, les moments, l'un qui déjà n'est plus, et l'autre qui peut-être va surgir, l'entre-deux, cet incertain entre mort d'une chose et naissance d'une autre.

Louise Desbrusses est écrivaine et artiste. Auteure de deux romans L’argent L’urgence et Couronnes Boucliers Armures ; sa dernière pièce (poésie, vidéo, danse), In extenso, a été créée à Dunkerque en 2019

Charlotte Meurin est bibliothécaire

17 mai 2022, Espace Culture, 18h00

Ahmed Djebbar, Les Maîtres de l'eau en terre d'islam : savoirs et savoir-faire hydrauliques aux VIIIe-XVIe siècles

Répondant: Bernard Maitte

Système d'Al-Jazarî (m. 1206)

Dans une première partie, seront évoquées les dimensions cultuelles et culturelles de l'eau à travers leur évocation dans les témoignages préislamiques et dans les textes fondateurs de l'islam, c'est-à-dire le Coran et les Hadiths (paroles attribuées au prophète Muhammad), avec les commentaires et les interprétations postérieures.
Dans la partie suivante, nous évoquerons les savoir-faire préislamiques ayant un lien avec l'eau et qui ont joué un rôle important pendant la première phase de la civilisation de l'islam.
Dans la troisième partie, nous présenterons les héritages savants, grecs et byzantins, qui ont été traduits, en arabe, aux IXe-Xe siècles et qui ont été à l'origine de la naissance d'une nouvelle tradition technologique savante qui s'exprimera, essentiellement, en arabe mais qui aura aussi une composante persane.
Dans la dernière partie de l'exposé, nous donnerons les résultats de la recherche de ces dernières décennies concernant les contributions originales de la civilisation de l'islam dans le vaste domaine des technologies de l'eau.

Ahmed Djebbar est professeur émérite à l’université de Lille. Membre fondateur de l'Académie Algérienne des Sciences et Technologies

Bernard Maitte est professeur émérite à l'université de Lille

24 mai 2022, Espace Culture, 18h00

Danielle Mametz, Entre tradition et innovation, le SIDEN-SIAN, une réponse aux enjeux de l'eau dans les territoires ruraux en Hauts de France

Répondant: Francis Meilliez

Rempart rénové du Quesnoy, photo F. Meilliez

Après la Libération, la reconstruction a été l'occasion de généraliser l'adduction d'eau potable auprès de tous. Le Département du Nord a alors suscité la mise en place d'un syndicat intercommunal dédié à cette opération d'équipement (SIDEN), et s'est donné 20 ans pour y parvenir (1951-1971). Le développement démographique et la croissance industrielle contribuèrent à une augmentation sensible de la consommation. Mais en outre, l'évolution sociologique des comportements individuels et collectifs a, en même temps amplifié ce besoin et augmenté les rejets d'eaux usées dans le milieu naturel, exposant la ressource souterraine à une dégradation qualitative, donc quantitative. Un autre syndicat intercommunal, dédié à l'assainissement cette fois, a donc été mis en place (SIAN) en 1971. En 2009, les deux syndicats se sont groupés pour fournir aux communes la possibilité de faire face, dans le cadre d'un service public, aux responsabilités qui incombent aux collectivités après promulgation de la loi sur l'eau et les milieux aquatiques. Aujourd'hui, plus de 750 communes du Nord, du Pas-de-Calais, de l'Aisne et de la Somme adhèrent à la carte aux 6 compétences (Assainissement Collectif, Assainissement Non Collectif, Production et Distribution d'Eau Potable, GEPU, DECI et GEMAPI) du SIDEN SIAN qui confie la gestion du fonctionnement et de l'investissement de ces services à ses régies : Noréade Eau et Noréade Assainissement.

Danièle MAMETZ est maire de Boëseghem, présidente du Syndicat Mixte Pays Cœur de Flandre, vice-présidente du SIDEN-SIAN, vice-présidente du SIECF

Francis Meilliez est professeur émérite à l'université de Lille, directeur de la Société Géologique du Nord

31 mai 2022, Espace Culture, 18h00

Patrick Cordier, L'eau, les minéraux et l'intérieur de la Terre

Répondant: Bernard Maitte

Edouard Riou

La présence de l'eau semble une évidence sur Terre qualifiée parfois de planète bleue. Mais qu'en est-il dans ses entrailles ? Dans « Voyage au centre de la Terre », Jules Verne n'a pas hésité à mettre ses trois explorateurs face à une mer intérieure. Notre vision actuelle de l'intérieur de notre planète exclue ce genre d'hypothèse, mais la question reste posée : l'eau n'est-elle sur Terre présente qu'à la surface, ou s'infiltre-t-elle jusqu'en son centre ? 2022 étant l'année de la Minéralogie, c'est sous l'angle de cette discipline que nous aborderons cette question dans cette conférence. En effet, les formidables pressions qui s'exercent à grande profondeur ne permettent pas à l'eau d'exister sous forme liquide. En revanche, elle peut réagir avec certains minéraux susceptibles de persister en profondeur. L'intérieur du globe pourrait ainsi contenir des quantités d'eau considérables.

Patrick Cordier est professeur à l’Université de Lille, membre de l'Institut Universitaire de France

Bernard Maitte est professeur émérite à l'université de Lille

14 juin 2022, Espace Culture, 18h00

Viviane Bout-Roumazeilles, Quand l'océan nous raconte le climat

Répondant: Francis Meilliez

Mission ACCLIMATE2. Photo V. Bout-Roumazeilles

L'océan, comme l'atmosphère, est un composant dynamique du système climatique : ses propriétés hydrologiques – température et salinité – sont intimement liées au climat. Leurs caractéristiques physico-chimiques – capacité thermique et échange avec l'atmosphère – sont des acteurs de sa régulation. Les mouvements de l'océan, via les grands courants géostrophique et thermohalin, participent aux transferts intra et inter-hémisphérique de l'excédent énergétique solaire.
La reconstitution des variations passées du climat anime la communauté scientifique depuis des décennies, avec un challenge particulier lié à difficulté spécifique à en retracer les composantes dynamiques intrinsèquement fugaces. Alimenter les modèles numériques de simulation du climat futur sous forçage anthropique est aujourd'hui un enjeu sociétal qui nécessite de contraindre précisément l'amplitude de la variabilité climatique naturelle. Dans ce contexte, les sédiments marins constituent des archives précieuses des climats passés. L'étude des organismes carbonatés et siliceux fossilisés permet de reconstituer les fluctuations des principaux paramètres climatiques ; l'examen de la fraction authigène permet de reconstituer les changements de composition chimique de l'eau de mer, tandis que l'analyse de la fraction terrigène permet de reconstruire les variations dynamiques et spatio-temporelles des grandes masses d'eau océaniques. Quelques exemples permettront d'illustrer la richesse et la complexité des informations climatiques préservées dans les sédiments marins provenant des grands océans mondiaux lors de périodes climatiques contrastées ou bien d'événements extrêmes.

Viviane Bout-Roumazeilles est directrice de recherches CNRS, Laboratoire Océanologie et Géosciences (université de Lille)

Francis Meilliez est professeur émérite à l'université de Lille, directeur de la Société Géologique du Nord

04 octobre 2022, Espace Culture, 18h00

Gabriel Billon, L'analyse des contaminants dans l'eau : que cherche-t-on ?

Répondant: Alain Rives

Station mobile d’analyses. Photo G. Billon

L'eau est une ressource précieuse dont la quantité et la qualité sont à sécuriser pour la survie des écosystèmes. En France l'eau est contrôlée de façon réglementaire (voir les sites internet : Légifrance, Agence Régionale de Santé, Agence de l'Eau Artois-Picardie) de la ressource jusqu'à notre robinet, mais également dans les cours d'eau et les plans d'eau, en sortie de stations d'épuration, d'usines... Au cours de son cycle, l'eau peut se charger en contaminants mais peut aussi se purifier. De nombreuses substances sont suivies selon les usages, mais pas toutes, avec des pas de temps variables. En zones littorales, il est parfois même plus pertinent de suivre les teneurs des contaminants dans les poissons, les sédiments ou les organismes filtreurs car les concentrations sont trop faibles dans la colonne d'eau.
L'analyse d'une eau pour en déterminer sa composition est complexe, avec des précautions à prendre dès le prélèvement quand la mesure ne peut se faire in situ. Faut-il la filtrer par exemple ? Et quelle est la représentativité d'une analyse lorsque que l'on prélève 1L d'eau à l'échelle d'une rivière ? L'exposé que je vous propose abordera plusieurs de ces points en présentant quelques techniques analytiques couramment utilisées dans le domaine pour l'analyse des nutriments, des métaux et des substances organiques (pesticides, médicaments…). De nombreux exemples tirés d'études régionales réalisées dans mon équipe au LASIRE viendront illustrer cette véritable problématique de recherche pluridisciplinaire.

Gabriel Billon est professeur à l’université de Lille, UMR-CNRS/U-Lille 8516 : LASIRE

Alain Rives est professeur à l'université de Lille et trésorier de l'ALEA

10 octobre 2022, Espace Culture, 18h00

Anne Le Strat, Urbaine ou rurale, l'eau est une composante vitale des communautés humaines

Répondant: Francis Meilliez

Plus que jamais élément naturel structurant la vie des villes, l'eau est à la fois une ressource essentielle à son fonctionnement mais aussi un facteur de risque. Si l'eau dans la vie quotidienne est souvent peu visible, les modes de vie des citadins perturbent pourtant fortement le fonctionnement de l'ensemble du cycle de l'eau et des écosystèmes associés.
Il est aujourd'hui impératif de sortir d'une approche très techniciste traditionnellement adoptée pour aborder les enjeux d'eau et de prendre en compte les risques liés au changement climatique comme à la perte de la biodiversité. Une nouvelle façon de concevoir la ville doit se matérialiser à la fois dans l'aménagement urbain et des infrastructures publiques, mais aussi dans son ancrage avec les territoires environnants.
Le futur des villes ne peut se penser qu'en se réconciliant avec l'eau, qu'en intégrant l'eau comme un élément central d'adaptation et de résilience.. Elle est la ressource naturelle qui sert de lien entre l'urbain et le rural, entre ce qu'on appellerait plus communément la ville et la campagne. Dans son petit cycle comme dans son grand cycle, elle est un élément de politique entre des acteurs aux intérêts parfois opposés.
En reconsidérant l'eau avec la fabrique des villes on peut imaginer d'autres liens de cohésion territoriale, sociale voire culturelle, une nouvelle manière d'habiter la terre plus en congruence avec les éléments qui la composent, dont le premier d'entre eux.
Anne Le Strat a publié récemment Eau : l'état d'urgence au SEUIL.

Anne Le Strat est ancienne Maire-adjointe de Paris et présidente d’Eau De Paris, Co-fondatrice d’Aqua Publica Europea, Research fellow à l'université de New York (NYU)

Francis Meilliez est professeur émérite à l'université de Lille, directeur de la Société Géologique du Nord