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Le temps

Cycle de conférences-débats

Nous vivons dans un monde « où tout s'accélère », dans lequel nous sommes sans cesse soumis au diktat de l'urgence. C'est la raison pour laquelle nous avons décidé de faire un cycle de conférences où nous prendrons le temps, le temps de la réflexion et du débat sur les questions essentielles que sont : qu'est-ce que le tempsv? Quelles sont ses différentes acceptions dans la vie ? Dans les sciences ? Au travail ? Comment intervient-il dans les Arts ? Quels sont les moyens développés pour sa mesure ? Comment a-t-il été défini, comment est-il intervenu à diverses époques et dans diverses civilisations ? N'avons-nous pas intérêt à privilégier « l'homme lent » dans nos débats démocratiques ?

Archives

12 mars 2019, amphi Pierre Glorieux, CERLA, 18h00

Bernard Maitte, Le temps a une histoire...

Répondant: Daniel Hennequin

Depuis la préhistoire, les hommes ont appris à regarder le ciel, à observer le mouvement des planètes. Ils ont construit des calendriers, distingué des heures, inégales ou égales, élaboré des instruments de mesures de l'écoulement du temps. La "physis" d'Aristote, en s'intéressant au pourquoi des choses, non au comment, se dispensa de quantifier temps et mouvement. Etablir les lois de celui-ci devint une nécessité impérative avec le décentrement de la Terre par Copernic et l'effondrement de la physique aristotélicienne. Les Galilée, Descartes, Huygens, Newton en vinrent à bâtir une nouvelle physique s'attachant à définir de plus en plus précisément repos et mouvement selon le temps, à mesurer celui-ci de manière de plus en plus fine. Couronnant ces travaux, Laplace fit du temps et de l'espace des références absolues. Sa physique déterministe ne parvint pas à englober dans une même description la mécanique et l'électricité : Einstein rejeta alors les notions de repos, de temps et d'espace absolus, les remplaça par un continuum espace-temps relatif au système de coordonnées dans lequel il est repéré.
C'est cette riche histoire, faite de débats, de controverses, d'adoption de perspectives nouvelles que nous conterons.

Bernard Maitte est professeur émérite à l'université de Lille

Daniel Hennequin est physicien, chercheur au CNRS, au laboratoire PhLAM (Physique des Lasers, Atomes et Molécules) de l'Université de Lille. Il est président de la commission Culture Scientifique de la Société Française de Physique et président de la section Hauts-de-France de la Société Française de Physique

23 avril 2019, amphi Pierre Glorieux, CERLA, 18h00

Annie Leuridan, Organiser la ligne de temps au spectacle

Répondant: Olivier Perriquet

À la place d'éclairagiste de spectacles que j'occupe, tantôt pour le théâtre, tantôt pour la danse, il y a pour moi un " toujours déjà là " de la lumière. Elle est là avant même de la considérer comme ce qui fabrique de l'image. Nous sommes baignés de lumière et ses effets sont immédiats sur nos sens. Ce qui la caractérise c'est l'indication qu'elle nous donne du temps qui passe.
La lumière naturelle est la source intarissable dont on peut s'inspirer sur un plateau de théâtre.
Ecrire la lumière d'un spectacle, c'est organiser une succession d'événements qui va transformer l'heure que le spectateur passe, assis dans le gradin en une minute, un mois, un an, des siècles.
Comment ralentir le temps au théâtre, l'étirer, le syncoper ? Comment organise-t-on la ligne de temps, celle du déroulement du spectacle, soumis comme nous le sommes aujourd'hui à un déferlement d'images ?

Annie Leuridan est éclairagiste.

Olivier Perriquet est artiste et théoricien. Il s'est tourné vers le cinéma expérimental et les nouveaux médias il y a une quinzaine d'années, après avoir été chercheur en mathématiques et en informatique. Il porte un intérêt particulier au croisement des disciplines et des imaginaires.

21 mai 2019, LILLIAD, 18h00

Patrick De Wever, Temps de la Terre et temps de l'Homme

Répondant: Francis Meilliez

La notion de temps est difficile à définir, tant elle relève d'approches différentes. Le temps de l'histoire est celui qui intéresse plus particulièrement celui du géologue. La stratigraphie est le livre de l'histoire de la Terre. Ce livre est lu depuis longtemps, particulièrement en France et en Europe occidentale, chaque lecteur essayant d'en améliorer la compréhension générale. Dans le fil des améliorations successives, un saut significatif fut la découverte du temps long. Cette notion de temps long fut difficile à s'imposer et eut des implications en géologie, certes, mais aussi en biologie, en philosophie etc.
Envisager les différentes approches successives offre en outre la possibilité de porter un regard sur une attitude de l'Homme face à certaines questions ou affirmations purement scientifiques. Cette attitude garde toute son actualité : le scientifique est d'abord un Homme, il est donc sensible à la société de son temps, il a tendance à adopter des conduites analogues, sans qu'il en soit réellement conscient.
Le conférencier commencera par situer le problème de l'acception du temps dans une perspective historique et culturelle. Il traitera ensuite de la démarche qui a amené à connaître l'âge de la Terre et ses incidences sur d'autres domaines.

Patrick De Wever est professeur émérite au Museum National d'Histoire Naturelle.

Francis Meilliez est professeur émérite à l'université de Lille, directeur de la Société Géologique du Nord

11 juin 2019, amphi Pierre Glorieux, CERLA, 18h00

Olivier Perriquet, Autour de la synchronicité

Répondant: Bernard Maitte

Cette conférence est une incursion dans le concept de « synchronicité » et dans la façon dont certains artistes s'y intéressent ou en font usage. Conçue et élaboré par le psychologue Carl Gustav Jung, en dialogue avec le physicien Wolfgang Pauli, la synchronicité est l'occurrence simultanée de deux ou plusieurs événements qui ne présentent pas de lien de causalité, mais dont l'association prend un sens pour la personne qui les perçoit. Une telle perspective invite à se délester des caractères entropique et causal du temps, si prégnants en occident, pour se laisser habiter par un sentiment de permanence, où les conjonctions jouer un rôle de premier plan.

Olivier Perriquet est artiste et théoricien. Il s'est tourné vers le cinéma expérimental et les nouveaux médias il y a une quinzaine d'années, après avoir été chercheur en mathématiques et en informatique. Il porte un intérêt particulier au croisement des disciplines et des imaginaires.

Bernard Maitte est professeur émérite à l'université de Lille

25 juin 2019, LILLIAD, 18h00

Étienne Klein, Finalement, de quoi le temps est-il le nom ?

Répondant: Daniel Hennequin

Qui saurait dire, à partir d'un savoir parfaitement sûr, si le temps est ce qui accueille les événements, ou si, au contraire, il en émane ? Et qui pourrait se targuer d'avoir une connaissance assez complète et suffisamment certaine pour expliciter ce qu'indiquent vraiment les horloges quand nous disons qu'elles donnent l'heure ? Au fond, à quoi le temps ressemble-t-il vraiment ? Est-il comme notre langage le raconte ? Comme nous croyons le percevoir ou le vivre ? Comme il s'impose à nous, charriant la mort dans sa perspective ? Comme le représentent les physiciens ? Comme le pensent les philosophes ?
ATTENTION: réservation obligatoire (gratuite) pour cette conférence.

Étienne Klein est physicien et philosophe des sciences. Il dirige le laboratoire de recherche sur les sciences de la matière à Saclay

Daniel Hennequin est physicien, chercheur au CNRS, au laboratoire PhLAM (Physique des Lasers, Atomes et Molécules) de l'Université de Lille. Il est président de la commission Culture Scientifique de la Société Française de Physique et président de la section Hauts-de-France de la Société Française de Physique

01 octobre 2019, amphi Pierre Glorieux, CERLA, 18h00

Didier Terrier, Le temps de travail : qu'est-ce qu'une « journée de travail » en Europe occidentale du XIVe au XIXe siècle ?

Répondant: Bernard Maitte

Qu'est-ce qu'une « journée de travail » en Europe occidentale du XIVe au XIXe siècle ?
Cette question concerne tous ceux qui ne doivent pas compter « leur » temps pour gagner leur vie : alors, « des problèmes similaires se posent sur la longue durée° ». Tenter d'y répondre, c'est prendre le risque, évidemment, d'affronter l'hétérogénéité et le caractère mouvant des pratiques sociales ; elles rendent difficiles, en embrassant six siècles, l?amalgame entre des réalités qui doivent être sans cesse contextualisées. Mais relever un tel pari est indispensable si l'on veut comprendre les mécanismes qui, sur la base de rapports sociaux de production singulièrement déséquilibrés, fondent le quotidien de « ces vies minuscules ».
Comment appréhender dans leur diversité les rythmes du labeur quotidien ? Faut-il faire la part entre activités diurnes et nocturnes ? Travaille-t-on nécessairement moins longtemps chaque jour avant l'industrialisation ou peut-on considérer qu'après les années 1840/1860, la durée du travail est à la baisse ? Dans ce cas, diminution des horaires quotidiens et intensification des efforts exigés vont-elles de pair ? Précèdent-elles l'apparition du machinisme ou dérivent-elles de celui-ci ? Ce questionnement a des résonnances extrêmement contemporaines. Il restitue de la chair à une question pour laquelle il faut sans cesse se méfier des idées convenues et des illusions statistiques.
° Jacques Le Goff.

Didier Terrier est professeur émérite à l'université polytechnique des Hauts de France

Bernard Maitte est professeur émérite à l'université de Lille

12 novembre 2019, amphi Pierre Glorieux, CERLA, 18h00

Alain Vienne, Le temps en astronomie : cycles, mesures et calendriers

Répondant: Olivier Las Vergnas

Paradoxalement, si le concept de temps n'est pas facile à appréhender, sa définition astronomique l'est plus. Le temps est intrinsèquement lié aux cycles: cycle des jours et des nuits, cycle des saisons, cycle de la vie humaine, cycle géologique, mais aussi balancement d'un pendule, transitions entre deux niveaux d'énergie d'un atome ... Les premiers sont très bien résumés par ces vers de Corneille adressés à la 'Marquise': 'Le même cours des planètes - Règle nos jours et nos nuits - On m'a vu ce que vous êtes - Vous serez ce que je suis.'
Pour les astronomes, le temps est principalement le temps newtonien, celui de la mécanique. Il coule de manière uniforme et continue à partir d?une origine, qui en fait est arbitraire, se repère par des unités, qui peuvent être multipliées ou divisées à l?infini. Pour assurer la pérennité du temps ainsi défini, il faut compter les unités (ou les cycles) sans en omettre aucune. Les calendriers permettent et fondent cette chronologie.

Alain Vienne est professeur à l'université de Lille, directeur de l’observatoire de Lille

Olivier Las Vergnas est Professeur à l'université de Lille (SEFA et Cirel-Trigone) et président de l'Association Française d'Astronomie (AFA)

[Annulé] 10 décembre 2019, amphi Pierre Glorieux, CERLA, 18h00

Denis Kambouchner, Le temps de la culture

Répondant: Charlotte Meurin

Le mot « culture », dans son sens premier désigne un processus et une pratique : culture des champs et des arbres, puis « culture de l?esprit », qu?on peut définir comme la fréquentation intensive d'oeuvres de valeur dans divers genres. Comme toute pratique, et peut-être plus que toute autre, la culture exige du temps, un temps libre pour l'étude, la réflexion ou la contemplation. Ce temps n'est pas donné à tous : d'où la critique qu'on a faite de la « haute culture » comme réservée à un petit nombre de privilégiés. Mettons cette question entre parenthèses : le fait n'est pas seulement que la culture demande du temps - elle est une expérience du temps. Les oeuvres qu'il s'agit de fréquenter datent de diverses époques : dans leur fréquentation, c'est toujours quelque chose du passé qui revit, ce qui ne veut pas dire que nous soyons purement plongés dans le passé, pas plus que le spectateur du théâtre ou du cinéma n'est purement plongé dans l'action. Ce qu'il y a d'expérience du temps dans l?expérience des oeuvres a été exploré de longue date, notamment au XXe siècle par Proust et par Malraux. Pour toute une part, cette expérience reste pourtant à décrire et à interroger, notamment sur le point de savoir si ce qui revit du passé peut être dit intemporel. Autre problème : le présentisme qui caractérise, en un sens plus large du mot, la culture d'aujourd'hui rend-il cette expérience plus difficile et plus rare ? Que peut-on dire - la question resurgit ici - de son partage et de son avenir social ?

Denis Kambouchner est professeur à l'université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Charlotte Meurin est bibliothécaire